
Comment choisir la mode durable m'a fait économiser
Je veux vous parler des économies que j’ai faites, en achetant uniquement des vêtements faits au Canada, alors que je travaillais à temps partiel, et que j’étudiais à temps plein. J’étais donc loin d’être riche, et je n’avais pas le temps de me coudre des vêtements ou de passer des heures à magasiner des aubaines.
Camille boisvert
Vous le savez, acheter des vêtements éthiques et éco-responsables est important. Vous connaissez certainement quelqu’un dans votre entourage, qui vous casse les oreilles avec ses discours interminables sur la mode durable. Dans ma famille, cette personne un peu agaçante, c’est moi! Camille Boisvert, designer et fondatrice de la marque Selfmade Society.
Aujourd’hui, je ne veux pas vous répéter tous les avantages de choisir la mode durable (et locale). Vous les avez déjà entendus. Je veux plutôt vous parler des économies que j’ai faites, depuis que j’achète uniquement des vêtements faits au Canada (ou dans certains autres pays développés). Mais tout d’abord, quelques définitions :
- Mode éthique : qui s’inspire du commerce équitable. Elle montre une conscience sociale de la fabrication du vêtement et a pour objectif d’améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs et travailleuses de l’industrie textile. Cependant, dans le langage courant, le terme « mode éthique » évolue vers une définition beaucoup plus large qui englobe aussi la mode écologique, la mode recyclée et parfois même la mode durable et locale. Elle devient donc synonyme du concept global de mode responsable.
- Mode écologique : qui se soucie de son impact sur l’environnement. La mode écologique utilise des textiles peu polluants, peu consommateurs d’eau et réduit au maximum les transports et l’impact carbone de ses collections.
- Mode durable : qui se confond avec ce que les experts appellent la slow-fashion. « On fait des vêtements durables et indémodables. Ainsi, on pousse le consommateur à acheter de la meilleure qualité afin qu’il consomme moins. » Dans le langage courant, le terme de « mode durable » s’utilise souvent – tout comme « mode éthique » – pour désigner le concept global de « mode responsable ».
- Mode locale : qui s’appuie sur des circuits de production très courts. Propre à un lieu. La mode locale peut faire la production de ses vêtements dans le même pays que son siège social, mais attention, ce n’est pas toujours le cas!
( Définitions par Jean Stéphane, professeur de mode éthique à l’École Supérieure de Mode de Montréal )
Économies possibles
Maintenant que vous connaissez toutes les définitions, passons à la raison pour laquelle vous lisez cet article : les économies possibles. Je vous entends déjà me dire que c’est facile d’économiser, quand on sait coudre et que l’on a sa propre marque de vêtements… Vous n’avez pas tort. Sauf que ma décision d’acheter uniquement des vêtements faits dans des pays où les conditions de travail sont largement réglementées date de 2016, et la marque Selfmade Society est née en 2018. En 2016, je travaillais à temps partiel, et j’étudiais à temps plein. J’étais donc loin d’être riche, et je n’avais pas le temps de me coudre des vêtements ou de passer des heures à magasiner des aubaines.
Vous savez quel a été mon truc pour économiser alors? Acheter moins, mais acheter mieux. Tout simplement! Avant 2016, les achats spontanés de vêtements en rabais étaient monnaie courante pour moi. Mais depuis 7 ans, pour qu’un vêtement finisse dans mon panier, il doit répondre à plusieurs critères :
- Est-il fait au Canada?
- S’il n’est pas fait au Canada, est-il fait en Italie, Espagne, Portugal, États-Unis, ou dans un autre pays avec des conditions décentes pour les travailleurs?
- Qu’est-ce que je connais de la marque? Est-ce qu’elle a une bonne réputation?
- Est-ce que le tissu semble durable? Est-ce qu’il s’agit d’une fibre éco-responsable?
- Est-ce que le vêtement semble durable? Est-ce qu’il est bien conçu?
- Est-ce qu’il s’agit d’un coup de cœur? Est-ce que je porterai le vêtement à au moins 50 reprises?
J’achète un vêtement seulement si je peux répondre « OUI » à toutes ces questions. Et j’utilise ces questions partout : en ligne, dans les boutiques de designer, dans les grandes surfaces, dans les friperies… Ça me prend plus de temps pour choisir les vêtements, mais ce temps, je le récupère dans les cabines d’essayage, puisque j’essaie uniquement les morceaux qui ont une chance d’être achetés. Au final, ça ne me prend pas plus d’effort, et j’économise gros en faisant des achats réfléchis et qui s’accordent à mes valeurs.
Deuxième truc : Reconnaître la vraie valeur des vêtements. Je vous mets au défi de coudre un t-shirt! Vous verrez que ça prend du temps et des connaissances précises, alors il n’est pas normal qu’on puisse en acheter un au même prix qu’un café Starbucks… Les vêtements devraient être considérés comme des investissements. Vous allez les garder des années (oui oui, années avec un « s ») et surtout, vous allez en prendre soin. C’est prouvé d’ailleurs, que plus on a payé cher pour un objet ou un vêtement, plus on y fait attention. Alors oui, vous allez peut-être trouver qu’un t-shirt à 45$, un legging à 110$ ou une robe à 160$, ça fait cher (ce sont des prix très raisonnables soit dit en passant). Sauf que ce t-shirt à 45$, durera plus longtemps que 5 t-shirts à 10$. À long terme, vous économiserez donc beaucoup d’argent.
Et voilà, c’est aussi simple que cela! Deux petits trucs à appliquer au quotidien (et pas uniquement lorsque vous achetez des vêtements), pour économiser ET encourager des entreprises (préférablement locales!) qui font leur part au niveau social et environnemental. C’est une situation gagnante pour tout le monde.